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Le Royaume-Uni durcit sa politique d'asile avec une réforme d'ampleur
information fournie par AFP 17/11/2025 à 18:53

Des migrants tentent de traverser la Manche avec des bateaux de passeurs au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Des migrants tentent de traverser la Manche avec des bateaux de passeurs au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Le gouvernement travailliste britannique a présenté lundi une grande réforme pour durcir sa politique d'asile et d'immigration, espérant décourager les arrivées irrégulières de migrants sur de petits bateaux qu'il peine à endiguer et qui alimentent la montée de l'extrême droite.

Voici les principales mesures de cette réforme défendue par la ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood comme "la plus ambitieuse" mise en place au Royaume-Uni mais critiquée par certains députés du Labour et des défenseurs des droits des réfugiés.

- Statut temporaire pour les réfugiés -

Le statut de réfugié va devenir temporaire. Leur situation sera réexaminée tous les 30 mois. Ceux qui ont fui la menace d'un régime pourront être renvoyés dans leur pays d'origine en cas de changement de régime, indique le gouvernement, citant l'exemple de la Syrie, où un petit nombre de personnes ont commencé à rentrer "sur la base du volontariat" après la chute du régime de de Bachar al-Assad.

Les réfugiés devront attendre 20 ans, contre cinq actuellement, pour demander un titre de résidence permanente, une mesure largement inspirée du modèle danois.

Le gouvernement veut aussi pouvoir renvoyer plus facilement les familles quand "elles viennent d'un pays d'origine sûr".

Shabana Mahmood espère que ces mesures décourageront les arrivées par la Manche. Depuis le 1er janvier, 39.292 personnes sont arrivées à bord de petites embarcations, soit plus qu'en 2024, et la quasi-totalité demandent l'asile dans la foulée.

Les possibilités d'appels en cas de refus doivent aussi être réduites.

- Accès aux aides limité -

Le gouvernement travailliste prévoit de supprimer le soutien financier automatique de l'Etat aux demandeurs d'asile, alloué à plus de 106.000 personnes en mars 2025.

Actuellement, il leur verse une allocation hebdomadaire et leur fournit un hébergement, mais le recours - coûteux - à des hôtels pour loger les demandeurs d'asile est très critiqué.

Des migrants attendent un  bateau de passeurs pour traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Des migrants attendent un bateau de passeurs pour traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Les aides sociales seront également supprimées "pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins" mais ne le font pas, ou encore pour les personnes condamnées.

Le gouvernement n'a pas démenti une information du tabloïd The Sun, selon laquelle il envisage de puiser dans les ressources (argents, biens) des personnes demandant l'asile pour financer leur hébergement.

"Il est normal que les personnes possédant des biens contribuent à leur prise en charge", a déclaré le secrétaire d'Etat à l'immigration Alex Norris sur Times radio.

- Révision de l'application de la CEDH -

Le gouvernement veut modifier l'application au Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme pour faciliter les expulsions.

La ministre de l'Intérieur britannique Shabana Mahmood lors du congrès du parti travailliste le 29 octobre 2025 ( AFP / Oli SCARFF )

La ministre de l'Intérieur britannique Shabana Mahmood lors du congrès du parti travailliste le 29 octobre 2025 ( AFP / Oli SCARFF )

Shabana Mahmood compte réduire le champ de son article 8 sur le droit au respect de la vie privée et familiale. Londres entend aussi réformer la loi sur l'esclavage moderne, découlant de l'article 3 de la CEDH, pour réduire son champ d'application devant les tribunaux en matière de demande d'asile.

Les demandes d'asile ont augmenté de 18% en 2024, alors qu'elles baissaient de 13% dans l'ensemble de l'Union européenne sur la même période, selon les chiffres du gouvernement. Plus de 400.000 demandes ont été enregistrées depuis 2021, contre 150.000 sur la période 2011-2015.

- Menaces sur les visas -

Le gouvernement menace de restreindre l'octroi de visas à l'Angola, la Namibie et la RDC, qu'il accuse de ne pas coopérer suffisamment pour réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière.

Ils ont "un mois" pour améliorer les choses, a prévenu lundi Alex Norris sur la chaîne Sky News.

Des migrants à bord de bateaux de passeurs tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Des migrants à bord de bateaux de passeurs tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Selon Londres, cela concerne "des milliers" de personnes en situation irrégulière actuellement au Royaume-Uni.

D'autres pays pourraient aussi être ciblés, notamment ceux qui affichent "des taux élevés de demandes d'asile" de personnes entrées légalement au Royaume-Uni.

- Une réforme critiquée -

Les mesures suscitent une vive opposition au sein du Labour et d'ONG d'aide aux demandeurs d'asile.

Le député travailliste Tony Vaughan a déploré une rhétorique encourageant une "culture de la division", tandis que l'association Refugee Council a qualifié ces mesures de "dures" et "inutiles".

Le secrétaire d'Etat Alex Norris a rejeté lundi toute "considération de politique" politicienne, alors que certains accusent le Labour, à la peine dans les sondages, de vouloir chasser sur les terres du parti anti-immigration Reform UK, largement en tête des intentions de vote.

Son leader Nigel Farage s'est félicité de ces annonces, affirmant que Shabana Mahmood parlait comme "une sympathisante de Reform".

Kemi Badenoch, cheffe de l'opposition conservatrice, a elle estimé qu'il s'agissait d'un "pas dans la bonne direction", mais que ces mesures n'allaient pas encore assez loin.

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